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  • clotilde courau dans madame figaro

     

    Mesrine - L'Instinct de Mort

     

    Cassel. Richet. Mesrine. Voilà le propos, somme toute assez sobre, de l'affiche du film. C'est clair, limpide, comme une affiche de boxe catégorie poids lourds. L'acteur français le plus doué de sa génération (César garanti... voir Clotilde Coureau dans madame Figaro), un réalisateur jadis en devenir et aujourd'hui confirmé (Assault sur le Central 13 était génialement filmé, désormais on frise le Michael Mann à la française). Et enfin, un sujet, un vrai: un biopic sur Jacques Mesrine, personnage atypique, à l'aura quasi légendaire dont le nom résonne comme Capone ou Scarface. Mesrine était tout à la fois: charismatique et psychopathe, attachant et repoussant. Il n'était pas un Robin des Bois ("Je vole aux riches mais je garde tout pour moi").

    Son nom est devenu grand car ce nom définissait un visage et un être insaisissables, indomptables. A cela, il faut mêlé le sens du spectacle et de la mise en scène et le goût d'être reconnu, de jouer avec les médias, à grand renfort de livre (L'instinct de mort est avant tout le nom de la propre autobiographie du criminel). Mesrine titillait les imaginations: il accaparait l'actualité par ses braquages et ses évasions, se jouant du système, narguant la police et la pègre, véritable électron libre. Enfant de Clichy, traumatisé par la Guerre d'Algérie à sa façon: elle lui a avant tout donné le goût du sang dans la bouche, Mesrine est surtout un homme dangereux que l'on trouverait peut-être insipide aujourd'hui.

    Trop violent pour être l'héritier des caids de la French Connection, il obéit surtout à son instinct et n'a de cesse de rebondir, quitte à faire des choix improbables (voir la tentative d'évasion qui tourne à la boucherie lors de son séjour au Canada). Cassel retranscrit parfaitement les sauts d'humeur et de comportement de son personnage: tantôt fleur bleu avec son amour espagnole, tantôt porte flingue au grand coeur qui veut venger une prostituée puis abjecte sicaire la scène suivante. Mesrine arpente tous les différents degrés du côté obscur: d'abord Lupin puis Lecter.

    Cette première partie du film de Richet se base donc sur les écrits de Mesrine lui-même avec toutes les limites que comporte un récit autobiographique. Il conserve sans doute des parts d'ombre mais ne s'embellit pas nécessairement: sans doute, le récit de son séjour en haute sécurité est-il fait pour le dépeindre en martyr ou en héros mais ses relations conflictuelles avec son épouse (il va jusqu'à lui mettre une arme dans la bouche sous les yeux de son fils) égratigne un portrait qui aurait été ou supposé être un brin onirique ou du moins fantasmé. C'est sur cette corde raide que semblent jouer les publicitaires avec l'affiche du second opus qui dévoile un Cassel/Mesrine, dégoulinant de sang après avoir été abattu comme un chien par les forces de l'ordre. Mesrine devient une figure christique qui figure l'ambiguïté du/des films de Richet et la question qui taraude le spectateur: ordure ou héros?

    On rit de la gouaille du jeune Mesrine lors de son premier cambriolage et on s'enfonce dans son siège lorsqu'il torture un mac maghrébin. On passe par tous les états. Vivement la chasse à l'homme, la traque. Vivement la suite.