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CULTURE & cie

  • Avis sur le livre :Les fleurs meurent aussi, Lawrence Block

    Les fleurs meurent aussi est le dernier mystère de Matthew Scudder signé Lawrence Block. La soixantaine passée, cet ancien flic devenu détective privé refuse la plupart des missions, mais il rencontre, lors d'une réunion des Alcooliques Anonymes, une femme qui souhaite qu'il se penche sur le passé d'un petit ami potentiel. La meilleure amie de sa femme a également un nouvel amant, un homme marié et secret. Pendant ce temps, un homme dans le couloir de la mort en Virginie proteste de son innocence auprès d'un pychologue qui le soigne. Après son exécution, le psychologue vient à New York. Les enquêtes de Scudder révèlent encore plus de secrets et de violence et son chemin finira par croiser celui d'un brillant psychopathe qui ne serait pas contre faire de cette affaire la dernière de Scudder. Le mystère de Lawrence Block a reçu des critiques positives, le Chicago Sun-Times déclarant : "Le suspense est parfois si intense que l'on oublie de respirer. Ajoutez un héros pour les âges et un méchant à la hauteur, et Block nous offre une nouvelle entrée triomphale dans cette série."

     

     

     

  • Retour en fanfare de Lewis Trondheim, Joann Sfar et Boulet

    Ce tome 6 de la série ‘Donjon’, version Zénith, est tout ce que l’on peut attendre d’un bande dessinée. Graphiquement d’abord, le dessin est une merveille, et ce dès la très belle couverture. Sans perdre sa fraîcheur et sa fantaisie humoristique, le trait de Boulet reste admirable, dynamique, très soigné, aussi efficace dans les moments drôles que lors de sanguinaires scènes d’action. Car si ce ‘Retour en fanfare’ manie admirablement parodie et trouvailles farfelues, reprenant la trame classique du retour de l’héritier du trône que tout le monde veut tuer, il possède en plus un rythme haletant, ponctué par des combats violents mais aussi, ‘Donjon’ oblige, des retournements de situation assez débiles, des personnages saugrenus et des effets spéciaux inénarrables. Inutile d’en dire plus, Sfar et Trondheim livrent ici l’un des meilleurs volumes d’une excellente série, Boulet assure comme une bête, et le lecteur prend un pied fou.

     

    Donjon Zénith - Tome 6

    de Lewis Trondheim, Joann Sfar et Boulet

     

    Editeur : Delcourt
    Publication :21/11/2007

     

  • Critique du livre : Lit de béton, de Laurent Fétis

    Il ne fait pas bon traîner dans les rues de Londres, en cette fin de siècle, surtout quand des morts-vivants en pleine forme y rodent à la recherche du futur casting de leur prochain snuff movie.
    Oui, car le personnage de Lit de béton de Laurent Fétis c'est brutalement réveillé en 1980 dans la morgue du comté de Chester en Angleterre. Depuis, il zone dans la capitale Britannique et vit grand train grâce aux commandes que des pervers de tout poil lui passent à des fins de satisfaction personnelle. Un marché qui prend de l'ampleur chaque année, même si les vedettes principales des films produits par notre zombie, finissent toujours de manière tragique, la plupart du temps dispersées en petits morceaux aux quatre coins de la ville. "Une carrière n'est parfaite que si elle s'achève rapidement et de façon spectaculaire", telle pourrait être la devise de Red Eyes Production. Seulement voilà, notre bonhomme immortel, ne s'est jamais posé les bonnes questions. Pas un seul instant il ne se demande comment et surtout pourquoi la "vie" (ou plutôt, en l'occurence, la mort) lui a réservé ce curieux destin. Des questions qu'il va bien être obligé de se poser le jour où "la plus belle saloperie de toute la ville", comme il aime à se nommer lui-même rencontre plus monstrueux que lui...

    Avec Lit de Béton c'est clair, Laurent Fétis nous sert une sorte de comics littéraire brutal et ignoblement drôle, comme du Spawn,  ou du Bret Easton Ellis qui aurait des visées dans le domaine de la série B. Evidemment peu crédible, cette histoire franchement gore est pourtant fascinante pour peu qu'on y entre sans a priori. Elle se lit en une journée avec autant de plaisir qu'une bonne BD ou un roman décadent de la fin du XIXe siècle. L'oiseau de nuit qu'est Laurent Fétis décrit mieux que tout autre le Londres nocturne, cette jungle de béton, ses lieux sordides, ses faunes interlopes, sa misère psychologique et morale, et les situations scabreuses qui en découlent.
    Sa peinture sous-jacente de la société occidentale - et de ses mœurs - à la fin des 90's, est d'une sauvagerie peu commune, tout en restant parfaitement neutre et atone. La violence de Fétis est celle des bourreaux en col blanc. Son portrait de la psychologie du tueur pourrait également être un cas d'école. Terriblement pervers, l'anti-héros choisit sa proie avec soin, et c'est le lecteur qui est finalement malmené du début à la fin.
    Âmes sensibles s'abstenir, pour les autres, foncez !

    Lit de béton
    Laurent Fétis
    Edition Baleine

     

  • Avis sur le livre : Journée d'un opritchnik, de Vladimir Sorokine

    Moscou 2028. Tous les matins, l'opritchnik Komiaga se réveille au son d'un coup de fouet suivi d'un cri, et d'un deuxième coup suivi, lui, d'un gémissement. C'est la sonnerie de son téléphone portable, enregistrée dans l'une des salles de tortures du quartier général de l'Opritchnina, la terrible police secrète du souverain absolu qui gouverne la Russie dans le futur proche de Vladimir Sorokine.

    Le reste de la journée sera rythmé par des rituels très précis, mêlant violence et prières, enquêtes et orgies, corruptions et machinations politiques, menées tambour battant à bord d'une automobile décorée d'une tête de chien fraîchement coupée, pour le compte d'un souverain omnipotent que les technologies de surveillance électroniques ultra-sophistiquées rende omniprésent. Journée d'un opritchnik, le nouveau roman du très controversé Vladimir Sorokine, serait donc une satire ?

    Le totalitarisme à découvert

    Certainement, mais l'écrivain russe engagé ne s'arrête pas là. En effet, l'Opritchnina a réellement existé. Fondée en 1565, autant dire au temps de la "grande" et très sainte Russie, cette milice servit longtemps à Ivan le Terrible et à son fils pour satisfaire leurs besoins sanguinaires, éliminer leurs opposants et asservir le peuple. Une police, et surtout, une force de répression, "qui fascine encore aujourd'hui les tenants nostalgiques d'une certaine Russie blanche et orthodoxe", apprend-on au début du livre.

    En projetant la renaissance de cette sinistre administration, petite fille du NKVD et du KGB, dans un état totalitaire d'anticipation, Vladimir Sorokine dresse donc le portrait "futuriste" d'une Russie qui a effectué un grand retour en arrière dans le temps. Acculée par une histoire toujours plus pesante, une corruption inique et une misère intellectuelle et morale toujours plus grande, Sorokine imagine une Russie totalitaire qui ne ferait plus ses coups en douce, comme c'est le cas aujourd'hui, mais ouvertement, en prônant un retour à la religion (orthodoxe) et à la morale la plus sévère.

    Ceci n'est pas de la (science-) fiction

    Morale évidemment hypocrite (les grossièretés dans le spectacle comme dans la rue sont interdites, la religion est l'adjoint du pouvoir, le patriotisme est obligatoire, les étrangers refoulés, etc) que seul le peuple doit respecter. Les plus hautes castes, elles, sont totalement libres de leurs faits et gestes. Quant à l'Opritchnina, elle a simplement tous les droits. Car sous couvert de protection des valeurs de la (très) "sainte" Russie, les Opritchnik participent en fait à l'élimination physique (et souvent publique) des opposants au régime, à la dispersion de leur famille et de leur bien, au kidnapping de leurs enfants, quand ils ne se livrent pas au viol, à la torture et à la corruption, sous couvert de propagande populiste et de reconquête des idéaux d'une "grande Russie" idéalisée plutôt qu'historique.

    De science-fiction, il ne s'agit donc point évidemment. En écrivain politique qu'il est, Sorokine vise directement le pouvoir actuel, la dynastie de nouveaux Tsars sanguinaires installés par Vladimir Poutine et la direction que prend la Russie que nous connaissons. A ce titre, l'auteur décrit un pouvoir qui s'est simplement contenté de troquer la Faucille et le Marteau, contre l'Aigle à deux Têtes et le Goupillon. Pour l'auteur, cette Russie nationaliste si fière d'elle, se voit renvoyée au temps des seigneurs, et même, à la fondation médiéval du pays. Un futur où les russes retombent dans un servage profond et où règnent terreur et superstition. De fait, l'avenir de Sorokine s'apparente plus que jamais à un brutal retour en arrière, dont on se demande si ce n'est pas le chemin que prend la Russie actuelle.

     

  • Livres sur la déco et la rénovation d'appartement

    Livre Décoration : Une déco qui me ressemble

    Ce livre vous aide à faire les bons choix, à imaginer les aménagements les plus adaptés, à manier la couleur avec brio et choisir les accessoires qui feront de votre intérieur, un espace unique.

    Offrez-vous un coaching déco à domicile !

    On aime le questionnaire qui permet de déterminer son profil déco : esprit nomade, loft, contemporain ou naturel. Découvrez quelles sont les couleurs, matières, tissus et accessoires qui vous correspondent le mieux.

    Valérie Laporte-Volatier est coach en décoration
    et aménagement d'intérieur et fondatrice de l'agence « Les murs ont des oreilles ».


    Une déco qui me ressemble
    Valérie Laporte-Volatier
    Editions Fleurus
    208 pages. 30 €

     

    Livre Décoration & rénovation : Dream Homes, intérieurs de rêve

    Au sommaire de ce livre, une présentation tout en images de 100 maisons exceptionnelles du monde entier.

    Tous les styles y trouvent leur place, une maison méditerranéenne remplie d'histoire, un appartement urbain aux lignes épurées, ou encore une maison de campagne aux couleurs chaudes.

    Avec plus de 800 photos, Dream Homes illustre le travail de designers ou de simples passionnés comma un artisan rénovation  d'appartement à Perpignan et apporte une multitude d'idées aux amateurs de décoration pour les aider à réaliser la maison de leurs rêves.


    Dream Homes
    Intérieurs de rêve
    Andreas von Einsiedel et Johanna Thornycroft
    Les éditions du Toucan
    352 pages. 39 €

    Livre Décoration et peinture : Vivre la couleur

    Gilles de Chabaneix a parcouru de nombreux pays à la recherche des couleurs de peinture qui subliment nos intérieurs mais aussi le monde naturel et les paysages urbains. 

    A travers 400 illustrations en couleurs, ressort un étonnant kaléidoscope des plus belles possibilités décoratives de la couleur en peinture d'inétrieur.

    Stafford Cliff fut le directeur artistique du Conran Design Group à Londres et réalise des devis Peintre à Perpignan dans le cadre de rénovations . 
    Gilles de Chabaneix, photographe renommé aujourd'hui disparu, a longtemps travaillé pour les plus grandes revues internationales de design et de décoration.


    Vivre la couleur
    Stafford Cliff
    Photos :Gilles de Chabaneix
    Traduit de l'anglais par Hélène Odou
    256 pages. 34,95 €

  • L’Europe des lettres : essai

    A la manière de la grande tradition littéraire du XVIIIe que firent Voltaire ou Madame de Sévigné, Marie-Claire Hoock-Demarle choisit le mode épistolaire comme terreau de l’analyse historique qu’elle entreprend de mener dans ‘L’Europe des lettres’.

    Cette forme néo-romanesque de l’essai nourrit d’une intensité tout affective la densité politique de la construction européenne dont il est question. Une somme considérable de lettres anonymes surgit de l’intime pour éclairer amplement la sphère publique de ce qui furent les débuts de la mondialisation. Avec une mobilité de points de vue qui s’adaptent prodigieusement aux contours d’une géographie variable, et qui en fait un des meilleurs essais sur la période, l’historienne établit des connexions entre l’espace et le temps, les lettres et le temps, mais aussi entre les femmes et l’espace (politique).

    En se projetant dans sa lettre au-delà des frontières, l’épistolière s’accapare un peu du champ politique qui lui est jusqu’ici refusé. De la distance parcourue à la durée écoulée entre l'envoi et la réception, la lettre impose ici son style : une manière de dire l’Histoire et d’avouer son exil.


    Au fil de cette lecture essentielle, et qui se déroule avec la légèreté de celle qui fait les petites histoires, Marie-Claire Hoock-Demarle nous offre l’analyse passionnante d’échanges extraordinairement dynamiques selon un flux qui n’a rien à envier à la complexité du réseau moderne de communication. Longue vie à la plume !

    L’Europe des lettres

    Réseaux épistolaires et construction de l’espace européen

    de Marie-Claire Hoock-Demarle

    Editeur : Albin Michel

    Publication :28/5/2008 

     

  • En mai, fais ce qu’il te plaît… Horoscope !

    En ce mois de mai, Mercure arrive dans les Gémeaux et Mars entre dans le signe du Lion. Voià qui va impluser un bel élan aux signes d’Air (Verseau, Gémeaux, Balance) et de Feu (Bélier, Lion, Sagittaire) ! Vénus transite le Taureau, c’est à dire son signe, celui où elle est on ne peut plus lascive et sensuelle. Sur le plan affectif, c’est Top pour les Taureaux, of course, mais aussi pour les Poissons et les Cancers. A surveiller le Noeud Nord selon le livre l'ABC de l'astrologie karmique ...

    Dès le 24, Vénus quittera son signe du zodiaque pour rendre visite aux Gémeaux qui auront dès cet instant vraiment tout pour plaire. Idem pour les Verseaux, les Lions et les Balances.

    Le 5, une nouvelle Lune se forme en Taureau, décidemment les signes de Terre (Taureau, Vierge, Capricorne) et d’Eau (Cancer, Scorpion, Poissons) bénéficient d’une excellente conjoncture pour les quetsions sentimentales. Cependant un petit bémol, car certain(e)s d’entre vous ressentent les effets de Saturne, qui exerce une pression pesante. Courage, ça ira mieux, prenez le temps de définir ce que vous attendez réellement de vos relations. L’occasion vous est donnée d’en mesurer les limites et de mieux vous impliquer dans celles que vous voulez construire dans la durée.

    La bonne nouvelle professionnelle, c’est la nouvelle Lune en Taureau qui dynamise les énergies créatives des Vierges et des Capricornes. En conclusion, malgré quelques préoccupations sentimentales, tout va plutôt bien pour tout le monde en ce joli mois de mai… jusqu’à la rétrogradation de Mercure le 26.

    A partir de ce moment-là, nous risquons tous et toutes d’avoir les nerfs tendus. Des accrochages sont prévisibles (panne de voiture, d’ordinateur, d’accès internet, problèmes avec les administrations…) Mais bon, on n’y est pas encore. C’est à la fin du mois, alors en attendant, RELAX. Suivez le guide, votre horoscope signe par signe, c’est ici et maintenant !

  • Gravereau Jacques : L'Asie majeure

    C'est bien de la majorité de l'Asie à l'est de l'Inde, et de sa place dans le monde que nous parle ce livre. Livre difficile à résumer, mais construit sur le savoir et la réflexion d'un homme qui connaît bien ce dont il parle.

    Quelques idées fortes en composent la trame :

      • La force (la domination ?) de la culture chinoise dans cet univers. Elle a pour elle une histoire, certes mouvementée, mais qui remonte à plusieurs milliers d'années et qui a laissé des témoignages de sa capacité à durer en conservant intacts des caractéristiques fortes.

      • Le partage par toutes ces cultures d'Asie d'une organisation sociale fondée sur l'ordre et l'harmonie des groupes humains, structurés par des hiérarchies nettes, où le modèle du "père" domine. Le confucianisme qui imprègne encore aujourd'hui ces peuples en est le schéma le mieux connu.

  • Avis sur Le Côté froid de l’oreiller de Belen Gopegui

    Titre énigmatique. Jeux de pistes : l'oreiller si familier et rassurant se cogne contre le côté froid, voile obscur qui vient se jeter sur ma lecture avant même qu'elle ne commence…
    Titre dichotomique. Je ne lis pas la quatrième de couverture, je préfère me laisser porter par ma curiosité.
    Je commence alors ma lecture à tâtons.
    Dès les premiers mots, la toile de fond se dessine : l'Espagne... Mais à peine le temps de prendre un bain de soleil que me voilà spectatrice passive d'un meurtre : celui de Laura Bahia, une jeune cubaine servant d'intermédiaire aux interminables négociations entre un groupe de dissidents cubains et l'ambassade américaine.
    Véritable imbroglio policier, le texte est un puzzle dont les pièces ne sont pas toujours faciles à rassembler. La révolution cubaine en filigrane le long de chaque page semble être le prétexte premier de ce roman.
    Au lecteur qui n'aurait pas une connaissance assise dans ce domaine, le roman devient bancal.
    Sous-jacente: l'histoire d'amour, à la fois belle et dramatique de Laura et Philip Hull, attaché d'ambassade des Etats-Unis. Pourtant, trop souvent leurs rencontres s'étirent et s'étalent en silence dans un monde où il faut pourtant aller vite.
    Le roman est construit sur cette éternelle alliance oxymorique Cuba-Etats Unis, à laquelle se joignent d'autres rêves fracassants comme l'amour impossible et peut être aussi celui de coller enfin sa joue contre le côté tiède de l'oreiller sans qu'il ne se passe plus jamais rien.
    Bélen Gopegui dit tout haut ce que d'autres pensent tout bas : un pari difficile à relever que je salue malgré tout.

  • avis sur le livre L’Ordre des jours de Gérald Tenenbaum

    ordre des jours.JPGEditeur : Héloïse d’Ormesson
    Publication :28/8/2008

    Les résumés donnent rarement une idée globale du contenu d’un livre… Plus qu’une énième variation sur la seconde guerre et ses conséquences, plus encore qu'une histoire juive, 'L’Ordre des jours' est pour moi d’abord un portrait de femme qui atteint l’universalité et devrait tou(te)s nous toucher. Il y a tout le décor de ces années 50 assez méconnues, du détail d’un gilet jeté sur les épaules au contexte historico-politique, parfaitement restitué. Cela permet de s’installer à la fois dans l’Histoire et l’histoire, et de partager la quête obstinée de Solange, superbe exemple d’obstination dans son refus du destin et sa recherche de vérité.

    Surtout, on est pris par l’écriture (parler de style poétique serait réducteur) qui parvient à instiller, dans un récit rempli de péripéties, toute la cohérence et la profondeur de la psychologie des personnages. On s’attache à l’héroïne et à tous les "seconds rôles", dépeints en toute humanité ; on partage autant leur quotidien le plus simple que leurs interrogations les plus intimes.

    La construction, menant en parallèle des chronologies qui finalement se rejoignent (que s’est-il passé juste avant, encore avant, et que va-t-il se passer), est si précise que le lecteur ne perd jamais l’ordre et se délecte de ce beau roman plein de vie, pour ma part en deux jours…

  • Avis sur Arlington Park de Rachel Cusk

    Editeur : Points
    Publication :21/8/2008

    arlington park.JPGSombre, étouffant, banal comme le quotidien, mais large comme la nature humaine. 'Arlington Park', sixième roman de Rachel Cusk - mais première traduction française -, ne manque ni d'ambiguïté, ni de force de projection. Pourtant il n'est question ici que d'une journée comme une autre dans la vie de femmes au foyer, habitantes du même quartier, qui se disputent l'ennui et les frustrations d'une vie trop bien réglée. Une vie morose, pathétique, où la révolte se heurte aux murs de la cuisine pour revenir tel un boomerang en colère résignée.


    Mais voilà, pour peu que l'on se donne la peine de pénétrer cet univers grisâtre et confiné, l'écriture parfois épaisse de Rachel Cusk gagne en fluidité, se mue en un récit profond et attachant. Car l'écrivain frappe là où le bât blesse, là où les douleurs les plus sourdes se réveillent. Au sein des foyers en crise - parce que crise il y a forcément -, c'est un peu tout le sort du monde qui se joue, dans l'affrontement des sexes, dans les doutes de la maternité, dans l'espoir insensé de se mettre à l'abri des dangers extérieurs. Rachel Cusk se livre à une vraie réflexion métaphysique, elle compose un univers clos où de grands questionnements sortent des bouches d'une poignée de femme à bout de nerfs. Les descriptions sont soignées, minutieuses.

    La pluie qui coule incessamment vient lier le décor composite, impressionniste, dont l'écrivain fait un personnage à part entière. Avec la virtuosité d'une Virginia Woolf, Rachel Cusk dresse le portrait des fêlures intimes, sans parti pris, dans une prose riche, souvent aussi sensible que ses héroïnes désespérées. Sa description picturale de l'activité d'un parc est un sommet, un petit chef-d'oeuvre de l'école anglaise. Elle marque l'arrivée de la nuit et le début, bientôt, d'une nouvelle journée qui promet d'être tout aussi ordinaire...

     

  • Livre : La Fille sans qualités de Juli Zeh

    la fille sans qualité.JPGEditeur : Actes Sud
    Publication :1/9/2008

    Les démons fascinent bien davantage que les entités diaboliques : il fallait la maestria d’une Juli Zeh pour dédiaboliser ce constat. Qui n’a guère éprouvé une once de fascination morbide à tenter de comprendre les motivations de tueurs de masse de Columbine, Virginia Tech, ou encore Erfurt en Allemagne ? L’ancienne avocate décortique avec une attention clinique le cas d’Ada, 14 ans, dont la maturité et l’intelligence supérieure trouve son pendant chez l’énigmatique Alev. Avec lui, cette jeune fille dépassée par l’absurdité de la vie, profondément nihiliste, pourra se laisser aller à sa haine de la société. Et à sa folie diabolique. Crise d’adolescence ? Cri d’une génération sans avenir ?


    Juli Zeh dépasse ses clichés pour s’intéresser à l’(in)humain et tenter d’en comprendre - avec l’objectivité d’une femme de loi - les mécanismes fondamentaux. Si elle emprunte à Musil son titre (‘L’Homme sans qualités’), c’est surtout Camus que l’on lit entre les lignes : Ada se pose en juge pénitent des temps déchus, elle est le miroir tendu à la sottise humaine. L’auteur ne manque pas d’y ajouter sa vision de la théorie du chaos : chaque infime détail contribuera à l’imminence du dénouement. Allégorique ? Métaphorique ? Cynique ? Juli Zeh ne s’embarrasse pas de la représentation et de la quête de sens. Elle montre, et c’est déjà bien suffisant.

    La perfection existe le temps de la lecture de cette oeuvre renversante, sublime, inoubliable. Espérons qu’elle fasse des émules.