Notre Dame Aux Ecailles est le second recueil de nouvelles de Mélanie Fazi après Serpentine, par ailleurs réédité pour l´occasion par Bragelonne. Ce nouveau volume est partiellement composé d´inédits (6 titres sur douze), le reste ayant été publié dans diverses anthologies précédemment.
Je vous l´avoue franchement, je n´avais jusqu´ici prêté que peu d´attention à Mélanie Fazi malgré (ou à cause) des critiques dithyrambiques à son endroit. Trop occupé avec les auteurs anglo-saxons sans doute, que voulez-vous ...Et puis les étiquettes par trop accrocheuses ont tendances à me rebuter. La nouvelle princesse du fantastique dixit la quatrième de couverture. Sacrées éditeurs, ils ne savent jamais où s´arrêter. Bien mal m´en a pris car ces nouvelles révèlent un sacré talent de conteuse.
Mélanie Fazi écrit à la troisième personne. Nécessairement, une grande d’elle-même transparaît dans ses personnages narrateurs, le plus souvent féminins. L’immersion du lecteur est d’autant plus grande. On pense parfois à Poppy Brite (Mardi Gras), aux univers enfantins et inquiétants de Gaiman et McKean (En forme de Dragon, Le train de nuit) ou encore à Lovecraft, rien de moins, avec les horrifiques contes que sont Le Nœud Cajun et encore plus le fabuleux Noces d’Ecumes, de très loin mon texte favori dans ce recueil. L’horreur y est palpable, sourde menace qui dévore l’âme, l’esprit et le corps, créature impie issue de quelque profondeur abritant les hordes chtoniennes. Mélanie Fazi alterne avec un bonheur certain la revisitation de thématiques fantastiques classiques avec des idées absolument géniales. Villa Rosalie démontre à son tour le talent de l’auteur qui se plie avec brio à l’exercice, ô combien casse-gueule, de la maison hantée avec un récit attachant et subtil. Même chose avec Langage de la peau où le thème classique de la transformation est abordé avec une grande originalité. Classiques sur le fond mais diablement novateurs dans la forme. Ce qui l’est moins c’est de faire l’amour avec un fleuve comme dans La Danse au bord du Fleuve. Quand au texte éponyme, Notre Dame aux Ecailles, difficile de le résumer sans l’écorner par de grossières comparaisons. Contentons-nous de dire qu’évoquer la maladie n’est jamais un exercice aisé et que l’auteur y parvient avec une pudeur et une sincérité touchante.
Si tout ces textes ne sont pas tous des chefs d´œuvre (La cité travestie, de loin le texte le plus faible du recueil), chacun recèle une atmosphère d´une grande délicatesse, empreinte de féminité, de douceur et de cruauté.
En un mot : superbe.