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Avis sur l'ouvrage Féérie pour les ténèbres - Intégrale t. 1, de Jérôme Noirez

feerie.JPGParce que Féérie pour les ténèbres, c'est comme un poème en prose, c'est un flux de mots qui parfois ne font pas sens mais dont les associations ravissent les yeux, enivrent les oreilles et allument l'imagination. Encore une fois, comme pour les deux derniers livres lus de cet auteur, j'ai accroché au style de Jérôme Noirez, qui semble baigner dans un univers de bizarreries enfantines et féériques me ravissant au plus au point. 

Mais Féérie pour les ténèbres, c'est aussi une histoire parfois difficile à suivre, embrouillée ou trop rapide. Je me suis perdue dans certains méandres des différents lieux visités, en y suivant des personnages que j'avais parfois du mal à resituer (même si certains, comme Grenotte et Gourgou, sont impossibles à oublier) ou des intrigues que j'avais oubliées entre-temps. Mais c'est quelques fois avec plaisir que je me suis égarée. Après tout, il est agréable d'explorer à l'aveugle l'agencement étrange d'un Palais de justice tortueux, certainement le lieu que j'ai préféré entre tous. 

 

Dès lors, il faut accepter de se laisser porter par les mots de l'auteur dans cet univers habité par la magie et les phénomènes étranges et qui, en même temps, semble être le résidu malade de notre propre monde disparu pourtant à jamais. J'avoue que, une fois le livre relâché (ce qui est arrivé souvent parce qu'il est trop lourd pour être transporté dans un sac), j'ai eu du mal à me replonger dans l'histoire, ou plutôt à me remettre dans l'état d'esprit idéal pour réussir à vivre celle-ci plus que je ne la comprenais, meilleur moyen pour réussir à la suivre en fait. D'où peut-être cette impression marquée de perdre pied.

C'est là qu'il me faudra encore une fois souligner une chose déjà mise en avant dans la chronique sur Le diapason des mots et des misères : là où j'adore l'écriture de Jérôme Noirez, j'ai un peu plus de mal à accrocher à ses récits. Dans ce cas-ci, j'ai plutôt apprécié les différents chapitres comme une suite de sketchs presque indépendants, alors qu'ils constituent pourtant un tout plus ou moins cohérent. Mais comme le dit l'extrait cité plus haut, chacun d'entre eux s'est avéré être une route par laquelle je me suis perdue avec plaisir. Mais par laquelle je me suis perdue quand même. Pour finir par trouver le chemin un peu trop ardu pour le résultat final... Heureusement, cette impression-la a été contrebalancée par des passages comme celui-ci :

« Il pleure des étincelles, rit des ondes courtes, rêve de champs magnétiques. » (p. 392)

 

Avant de finir, je suis obligée de faire ma petite tirade pro-papier. C'est que l'objet livre lui-même est superbe. La couverture d'Aurélien Police convient parfaitement au récit qu'elle enrobe. La fille frivole en moi raffole de ce paysage brumeux et de cette écriture tachée et élégante et ne se lasse pas d'explorer les recoins sombres ici et là. Des comme ça, j'en redemande !

Au final, ce premier volume de Féérie pour les ténèbres (comprenant deux romans et une nouvelle) est une porte ouverte vers un monde déluré et enchanteur, détruit et désespéré, magique et ensorcelé. Je pourrais encore enchaîner les adjectifs, tout ça pour dire que l'aventure est unique. Je n'avais jamais rien vécu de tel auparavant, à part peut-être dans des délires paillards de la littérature classique française. Et encore... A découvrir.

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