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La Fabrique de souvenirs de Philippe Pollet-Villard

fabrique-des-souvenirs.JPGC'est là, au Café du Havre, que j'ai commencé la lecture de La Fabrique de souvenirs de Philippe Pollet-Villard. Tout de suite je me suis retrouvée en équilibre, dans le mouvement de danse à demi esquissé que ce livre, comme le précédent, sait si bien faire épouser à son lecteur. Peut-être oserai-je même qualifier cette lecture de "somnambulique", tant les histoires du créateur de L'Homme qui marchait avec une balle dans la tête s'énoncent par la grâce d'une voix qui possède la lucidité aiguë des rêves éveillés.

Par instants, je me laissais porter malgré le froid dans une lévitation en direction de la plage du Sillon. Dos dans la mer, visage levé, je regardais le ciel que décrit Pollet-Villard, je sentais ployer les arbres formés à la découpe de son style, je m'amusais aussi de sa tristesse enjouée si singulière parce que je ne pouvais guère faire autrement. Les lecteurs sont des animaux cruels. La Petite Catherine de Heilbronn, texte adoré de Kleist, trouve incidemment chez Philippe Pollet-Villard un rebond presque fortuit.


La Fabrique de souvenirs est un très malicieux ouvrage, qui vous fera sans cesse vous retourner sur vos pas pour voir exactement qui vous suiviez dans votre lecture, parmi les brumes chuchotantes de vos souvenirs et le modèle familial que vous prête l'auteur. Miroir un peu accidenté, hors d'âge, digne des contes et légendes, tout ce qu'il y a de menteur et pourtant incroyablement juste malgré les écorchures, comme une note tenue par Amy. Sous des dehors sobres, pacifiés, ce qui s'y raconte, vous le vérifierez, est d'une force inouïe et brutale.
Chacun, sans doute, y rencontrera ses fantômes, y fera face à ses peurs, y dansera ses vertiges.
L'auteur n'est pas du tout raisonnable, il réussit son second livre avec autant de mystère que le premier.

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